Xavier Touffut : Elle substitue à des études de dangers "déterministes", une approche "probabiliste" qui implique que soient évaluées et prises en compte la probabilité d’occurrence, la cinétique, l’intensité des effets et la gravité des conséquences des accidents potentiels. Des critères d’appréciation de la démarche d’analyse de risques et d’acceptabilité des risques permettent, au travers des Plans de Protection contre les Risques Technologiques (PPRT), une maîtrise de l’urbanisme autour des sites à risques.
X.T. : Il faut travailler sur l’ensemble des scénarios accidentels : avec et sans fonctionnement des barrières de protection, en intégrant la vulnérabilité de l’environnement et en prenant en compte un nombre accru de seuils d’effet. Le saut quantitatif, en nombre de scénarios accidentels, est important et ce, même après des efforts de regroupements par scénarios homogènes. Le saut qualitatif est lui aussi élevé puisque des outils de modélisation d’une plus grande finesse et précision de calculs doivent être mis en œuvre pour se rapprocher au plus près de la physique des phénomènes. Le regard d’expert permet de filtrer les calculs pour limiter leur nombre au juste nécessaire pour l’évaluation des risques.
X.T. : Si l’analyse de l’accidentologie alimente toujours la réflexion menée lors des études de danger, nous insistons sur l’importance des analyses de risques menées par des groupes de travail rassemblant l’ensemble des compétences (production, maintenance, instrumentation et automatisme, BE, HSE,…). Cela plaide en faveur de la mise en place d’un retour d’expérience structuré dans les établissements. Un retour d’expérience d’ailleurs obligatoire pour les sites SEVESO et qui s’intègre de façon normale dans la démarche d’implémentation de systèmes de gestion de la sécurité. Les installations soumises à de simple autorisation s’y intéressent de plus en plus et nous demandent de les accompagner dans la mise en place et le suivi de ces retours d’expérience.
X.T. : L’approche probabiliste, si elle est menée avec un minimum de finesse et d’exhaustivité, oblige à considérer des événements élémentaires dont la combinaison va conduire à l’événement redouté ou à la situation dangereuse. De fait, l’analyse du facteur humain - qui recouvre les actions de formation, de sensibilisation, d’amélioration des conditions de conduite des procédés, de clarté des procédures et instructions, de mise en place d’autocontrôles ou contrôles croisés des actions importantes pour la sécurité - est au premier rang des actions d’amélioration qui font suite aux études de dangers.
X.T. : La décote des scénarios accidentels dans la grille "gravité-probabilité" d’acceptation des risques s’appuie sur le niveau de confiance que l’on peut placer dans les mesures de maîtrise des risques (barrières de prévention ou de protection). Un travail important que nous menons pour nos clients industriels est l’analyse de la sûreté de fonctionnement des fonctions de sécurité et plus particulièrement les systèmes de sécurité instrumentés. Par ailleurs, parce qu’ils constituent un mode commun de défaillances, les risques naturels (foudre, séisme,…) demandent une analyse spécifique pour vérifier la robustesse des fonctions de sécurité, y compris en cas d’agression extérieure due à un risque naturel. Enfin, la nouvelle approche oblige à examiner en détails la vulnérabilité de l’environnement et à estimer, pour chaque accident majeur (susceptible de sortir des limites de l’établissement) et pour chaque effet, le nombre de personnes potentiellement impactées. De nouvelles méthodes d’estimation de la vulnérabilité de l’environnement et de la gravité des scénarios accidentels sont pour cela mises en œuvre.
Le retour d’expérience des PPRT pilotes montre la complexité du dispositif compte tenu du nombre d’acteurs nécessairement impliqués, la difficulté de prise en compte dans les documents d’urbanisme d’effets multiples dans les zones urbanisées concernées par des phénomènes différents (surpression, risque toxique, flux thermique), éventuellement de plusieurs industriels. Les impacts financiers peuvent être très importants sans répartition claire, entre industriels et collectivités, des financements des actions liées à l’application des PPRT.