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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 00:00

Fiche technique N° 010

 

Les avalanches

 

Définition :

 

Une avalanche est un déplacement gravitaire (sous l'effet de son propre poids), rapide (plus de 1m/s), d'une masse de neige sur un sol en pente, provoqué par une rupture d'équilibre dans le manteau neigeux.

 

Les chutes de neige qui se produisent au cours de l'hiver se déposent les unes sur les autres et se transforment sous les seuls effets des conditions météorologiques. Chaque couche peut en effet avoir des propriétés et un comportement différents : leur empilement constitue un assemblage hétérogène, le manteau neigeux. La structure et la hauteur du manteau neigeux vont dépendre de particularités météorologiques induites par les facteurs topographiques comme l'altitude et l'exposition qui vont jouer un grand rôle (sur le niveau d'humidification, la durée d'ensoleillement, l'angle de la pente, zone d'érosion exposée au vent ou au contraire, zone d'accumulation à l'abri du vent).

 

Une couche de neige sera caractérisée par des paramètres physiques dont les principaux sont : la structure (nature des cristaux, hauteur de la couche...), la masse volumique (elle varie de 50 kg/m3 pour de la neige froide et sèche à 500 kg/m3 pour de la neige tassée), la température, l'humidité (très variable selon le type de neige, très importante si le manteau neigeux est en période de fonte).

 

Les pratiquants de sports de montagnes constatent ainsi régulièrement au cours de la saison hivernale ces variations qualitatives du manteau neigeux : on parle ainsi de neige poudreuse ou de neige transformée, de neige croûtée, de neige gelée, de neige lourde ou encore de soupe. Le manteau neigeux subit donc des modifications dans le temps mais aussi dans l'espace : dans les versants nord, la neige reste longtemps poudreuse puisque ces derniers ne voient pas le soleil, au contraire dans les versants sud, la neige se transforme rapidement sous l'effet de ce dernier...

 

 

Les différentes manifestations du phénomène.

 

 

Plusieurs classifications ont déjà été proposées ce qui ne simplifie pas la distinction entre tous les types d’avalanches observés. La désignation courante des avalanches fait appel à des critères hétérogènes et variables : critères de neige (avalanche de neige poudreuse, humide, pulvérulente, sans cohésion, récente…), critère de départ (avalanche de plaque), critère de saison (avalanche de printemps), critère d’écoulement (avalanche de fond, superficielle, de versant, de couloir…), critères génétiques (naturelles, de skieur, de fonte…).

 

Nous reprendrons ici la classification établie par Christophe Ancey et Claude Charlier du Cemagref de Grenoble (1) et qui tient compte du mode d'écoulement des avalanches durant leur phase d'écoulement (ce qui se passe dans la phase de départ n'est pas pris en compte). Cette classification distingue donc :

 

L'avalanche en aérosol :

 

C'est un écoulement très rapide sous la forme d'un nuage résultant du mélange de l'air et des particules de neige et composé de grandes bouffées turbulentes qui dévalent la pente. La trajectoire de l'écoulement n'est pas déterminée seulement par le relief et il est possible de voir un aérosol remonter une pente adverse. La puissance de l'aérosol est extrêmement variable : dans certains cas, on a affaire à un écoulement d'une violence spectaculaire, capable de raser une forêt entière, dans d'autres cas, l'aérosol ne cause aucun dégât. Les avalanches purement sous forme d'aérosol sont peu fréquentes sous nos latitudes en comparaison des autres phénomènes mais ne sont pas des phénomènes rares.

L'avalanche coulante (ou dense) :

 

C'est un déplacement d'une masse de neige coulant le long du sol en suivant le relief (couloir ou versant). La vitesse est nettement moindre que dans le cas précédent. La majeure partie des avalanches appartiennent à cette classe d'écoulement. Il existe une grande variété d’écoulements denses, sans doute à cause de la large plage de caractéristiques physiques de la neige mobilisée.

 


L'avalanche mixte :

 

Il s'agit de la combinaison des deux modes précédents. En effet, dans certains cas, il peut arriver que l'écoulement se scinde en un aérosol et une avalanche coulante. Ces écoulements peuvent devenir autonomes (c'est à dire acquérir une vie propre) ou rester liés. Il est à noter qu'un avalanche coulante développe fréquemment un petit panache de neige, surtout au niveau de son front, mais dont la contribution à la dynamique de l'ensemble reste négligeable. Inversement, un aérosol peut traîner de la neige au niveau du sol, sans que cet entraînement prenne réellement de l'importance. Dans ces deux cas on ne peut parler d'avalanche mixte.

 

L'avalanche mixte est un phénomène très complexe assez fréquent ; de plus, les phénomènes d'ampleur sont souvent des écoulements mixtes.

 

Cette classification ne préjuge ni de la cause ni du type départ de l’avalanche. C’est pourtant à partir de ce dernier critère que l’on définit l’avalanche de plaque, qui est la cause de 80 à 90% des accidents et décès par avalanche. Une avalanche de plaque est définie par la forme linéaire de la cassure dans la zone de départ (par opposition à un départ ponctuel) qui peut atteindre plusieurs centaines de mètres de long et 3 à 4 mètres de haut. Cette fracture linéaire est due à une caractéristique de la neige : la cohésion entre les grains qui la constituent. Toutefois, cohésion ne signifie pas forcément dureté. En effet, la qualité de la neige constituant une plaque est très variable : de tendre (ou friable, c'est-à-dire poudreuse), à très dure, avec tous les stades intermédiaires.

 

Les causes du phénomène

 

Les causes d’une avalanche sont nombreuses et elles sont souvent le résultat d’un concours de circonstances (histoire météorologique, qualité de la neige, forme du relief, intervention extérieur…) dont les conséquences sont une instabilité ou un manque de stabilité du manteau neigeux.

 


Comme les facteurs amenant au départ d’une avalanche sont multiples, on distingue, pour les ordonner, ceux liés au site (qui sont fixes) et ceux inhérents aux conditions nivo-météorologiques (qui sont variables).

 

 

Les facteurs fixes influant sur la stabilité du manteau neigeux :

 


-
la topographie : la forme du relief, sa disposition, ses caractéristiques ont une influence sur la formation des avalanches. Les zones de crêtes (qui séparent deux versants de montagne) peuvent par exemple favoriser des accumulations de neige (formation de plaque) en modifiant l’action du vent. La présence d’accumulations importantes augmente alors localement le danger dans le versant chargé.

 


-
La déclivité : l’inclinaison joue un rôle moteur, par l’intermédiaire de la gravité, dans un écoulement avalancheux car c’est à cause de la gravité qu’il y a écoulement. Les pentes supérieures à 45° (c’est un ordre de grandeur) se déchargent naturellement lors des chutes de neige (on dit que les pentes se purgent). Inversement les pentes faibles (inférieures à 20°) ont une activité avalancheuse faible (en terme de départ). La plage sensible de danger est donc composée des pentes comprises entre 25 et 45°, qui constituent aussi la majorité des pentes parcourues par les skieurs.

 


-
L’exposition : on entend par exposition, l’orientation au soleil. C’est l’un des éléments essentiels qui influent sur l’évolution de la neige et donc sur la stabilité du manteau neigeux.

 


Les facteurs variables influant sur la stabilité du manteau neigeux :

 


-
les chutes de neige récentes : l’activité avalancheuse augmente pendant et après des chutes de neige ; deux paramètres caractérisent une chute de neige : la hauteur cumulée (c’est un paramètre délicat à déterminer notamment en raison de l’action du vent) et l’intensité de la chute de neige (50 cm de neige tombée en 12 ou 48 heures ne produisent pas le même résultat).

 


-
La pluie : elle modifie le manteau neigeux, du moins les strates superficielles, en l’humidifiant. Si la présence d’eau liquide dans le manteau est trop importante, elle le rend instable en diminuant sa cohésion. Celui-ci a tendance à se « liquéfier ».

 

- Le vent : il transporte la neige pendant ou après un épisode météorologique neigeux ce qui entraîne de fortes accumulations de neige par endroit et favorise ainsi l’instabilité superficielle du manteau neigeux.

 

- Les hausses de températures : un fort réchauffement (redoux) ou réchauffement moyen mais prolongé provoque une instabilité marquée du manteau neigeux.

 

Echelle de risques.

 

Depuis l'hiver 1993-1994, une seule échelle de risque d'avalanche est employée dans tous les pays de l'arc alpin et des Pyrénées. De cette manière, tous les utilisateurs des bulletins d'estimation du risque d'avalanche (BRA) ont accès à une information claire et homogène, facilement compréhensible quel que soit leur pays d'origine en Europe.

 

Cette échelle comporte cinq degrés de risques croissants numérotés de 1 à 5, qui traduisent l'extension géographique et l'augmentation de l'instabilité du manteau neigeux. Chacun d'eux correspond à une probabilité de déclenchement établie en tenant compte de la surcharge suffisante pour qu'il y ait avalanche.

 

 

 

La prévision

 

La prévision repose sur un réseau géré par Météo-France, d'observations nivo-météorologiques effectuées à plus de 95 % par les pisteurs-secouristes des stations de ski, et mis en place dans tout le massif alpin, le massif pyrénéen et la Corse. Ce réseau permet de connaître les caractéristiques du manteau neigeux ainsi que les conditions météorologiques du moment et à partir de ceux-ci, d'estimer le niveau de risque d'avalanche exprimé sous forme de degré d'une échelle de risque à cinq niveaux. Le bulletin d'estimation du risque d'avalanche ainsi établi, est diffusé quotidiennement durant l'hiver par les stations départementales météo de Météo-France, des départements ALPES, PYRENEES et CORSE.

 


Pour vous informer, vous pouvez consulter le site de Météo-France.

 

 

 

 

 

La prévention.

 

La prévention repose d'abord sur la connaissance des zones à risques. Différents inventaires et expertises de ces zones ont été effectués en France depuis le début du siècle, par l'Etat (Carte de Localisation des Phénomènes Avalanches (CLPA), Enquête Permanente sur les Avalanches (EPA) les collectivités locales ou/et par les stations de sports d'hiver de façon à mettre en place une gestion du risque appropriée, que ce soit au niveau des zones habitées, de leur accès ou des domaines skiables, par le biais de mesure de protection :

 

- permanentes (ouvrages de génie civil ou reboisement),

 

- temporaires (déclenchement préventif pour les accès et les domaines skiables ; évacuation pour les zones habitées).

 

La protection.

 

 

Pour les skieurs :

 

L'information des pratiquants est le point essentiel que développent les organismes professionnels et fédérateurs d'usagers, rassemblés au sein de l'Association Nationale pour l'Etude de la Neige et des Avalanches (ANENA). Cette formation comporte des aspects généraux (meilleure connaissance du phénomène, conseils pratiques de prévention, utilisation des ARVA, appareils de recherche de victimes d'avalanche, etc.) et des aspects particuliers (bulletin d'estimation du risque d'avalanche de Météo-France, information locale par les professionnels de la montagne : pisteurs, secouristes, guides de montagne, ....).

 

L'Association Nationale pour l'Etude de la Neige et les Avalanches (ANENA) assure ainsi des actions d'information et de sensibilisation (de même que le Club Alpin Français, la Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade) ainsi que de formation des personnels chargés de la mise en œuvre de techniques de déclenchement préventif des avalanches à l'aide d'explosif.

 

 

La panoplie des moyens est variée, depuis la protection active consistant à réduire sinon à empêcher la survenance de l'événement (filets, râteliers, plantations, drainage) jusqu'à la protection passive (ouvrage de déviation de freinage, d'arrêt, renforcement de structures) en passant par la défense temporaire : déclenchement artificiel d'avalanches dans des conditions de sécurité rigoureuses (PIDA : Plan d'Intervention pour le Déclenchement des Avalanches), fermeture de pistes, de remontées, de routes, évacuation temporaire, etc.

 

Fiche technique N° 010

 

 

publié par EXPERT INDUSTRIEL dans: Fiches Techniques
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